Une Mission Pas Comme les Autres
Lors de la pandémie de Covid-19 en 2020, AAIP a été contactée par l’association d’entrepreneurs ARCADE de Tain l’Hermitage (Drôme). Cette association souhaitait fournir du matériel manquant aux cabinets d’infirmiers, kinésithérapeutes, EHPAD, etc., et cherchait de l’aide pour réaliser ce projet. Claude Lett, Didier Bayon et Séverine Supiot ont accepté de travailler avec eux, et une collaboration fructueuse et durable s’est mise en place. Lors de leur rencontre avec Aurélie Buffat, coordinatrice d’ARCADE, celle-ci leur a parlé du raid Cœur d’Argan, un raid féminin. Claude et Didier ont proposé de mettre à disposition du personnel médical, établissant ainsi le partenariat entre AAIP et l’association Les Lyonnes de Tatooine.
Mais qui sont donc les « Lyonnes de Tatooine » et qu’est-ce que le raid Cœur d’Argan ?
Créée en 2011 par Valérie Lugon, l’association Les Lyonnes de Tatooine accompagne les femmes atteintes de cancer du sein pour qu’elles se sentent mieux pendant et après leurs traitements. Parmi les différentes activités proposées, le raid Cœur d’Argan occupe une place spéciale. Ce raid en 4×4, exclusivement féminin, se déroule sur 7 jours dans le désert marocain et nécessite une assistance infirmière. Claude, Didier et Séverine ont donc proposé aux infirmières de AAIP d’accompagner les Lyonnes de Tatooine. Un tirage au sort a été effectué pour décider qui partirait. La chance m’a souri et j’ai eu l’opportunité de participer au raid en tant qu’infirmière accompagnatrice, du 5 au 11 novembre 2023.
Prendre contact avec Aurélie Buffat et Valérie Lugon a apaisé mes inquiétudes. Je n’avais aucune idée des soins que j’aurais à prodiguer, du matériel à emporter, ni du déroulement du raid, mais Aurélie et Valérie m’ont rassurée et envoyé la liste des participantes, ainsi que leurs pathologies et besoins particuliers. Elles m’ont également mis en relation avec Véronique, une infirmière expérimentée dans les raids en 4×4 dans le désert. J’ai donc pu organiser mes jours de repos dans mon cabinet en Haute-Loire. Préparer mon sac de secours a pris un peu de temps, car j’étais incertaine quant au matériel médical à emporter. Heureusement, Véronique m’a beaucoup aidée. J’ai donc pris de quoi faire des pansements, des stéristrips pour les sutures, quelques médicaments de base (paracétamol, antispasmodiques, antidiarrhéiques…), du matériel de surveillance et un défibrillateur automatisé externe. Comme nous partions sans médecin, j’ai évité tout ce qui nécessitait une prescription.
Le 4 novembre, j’ai rejoint Aurélie et quelques participantes à l’aéroport de Saint Exupéry, à Lyon. Le courant est tout de suite bien passé avec ces femmes. À notre arrivée à Agadir, j’ai rencontré l’équipe d’organisation (« orga »), composée de cinq femmes (dont une photographe) et de cinq hommes, ainsi que Véronique et son mari. Autour du dîner, l’équipe m’a expliqué brièvement le déroulement du raid.
Le dimanche matin a été consacré à un briefing où j’ai pu rencontrer toutes les Arganettes (les participantes du raid Cœur d’Argan). L’après-midi, elles ont préparé leur 4×4 avec l’équipe d’organisation. Durant cette première journée, j’ai eu du mal à trouver ma place et celle de AAIP. Ces femmes étaient autonomes et n’avaient pas de soins spécifiques, étant elles-mêmes submergées par les informations reçues. Claude et Séverine m’ont conseillé : « Parle-leur de ce que fait AAIP et vis pleinement cette expérience. » Allégée de cette pression, je me suis lancée dans l’aventure — et quelle aventure !
Au final, peu de soins techniques ont été nécessaires, ce qui est un bon signe. Quelques douleurs abdominales, des troubles intestinaux mineurs, une surveillance de tension artérielle et des petits bobos ont occupé mes soins. Mon rôle principal a été d’observer, écouter, partager et apporter du soutien moral. J’ai passé du temps en compagnie de femmes incroyablement courageuses, souriantes, aimables, disponibles, drôles et pleines de vie.
Le désert marocain, avec ses dunes, ses herbes à chameaux, ses oueds et ses dromadaires, a été une découverte fascinante. J’ai rencontré des Berbères marocains aux conditions de vie bien différentes des nôtres. J’ai écouté, discuté, ri, et parfois même pleuré avec ces femmes. Cette aventure humaine a été extraordinairement enrichissante sur les plans personnel et professionnel.
Je ne sais pas encore quel sera l’avenir du partenariat entre AAIP et Les Lyonnes de Tatooine, mais j’espère qu’il sera durable. Ce serait formidable que d’autres infirmières de AAIP puissent vivre le raid Cœur d’Argan. Et pourquoi ne pas accompagner une nouvelle fois les Arganettes, moi-même…