Séisme : Mission d’urgence à Padang
Le 30 septembre 2009, à 17h16 heure locale, un puissant tremblement de terre de magnitude 7,9 frappe la région de Padang, sur l’île de Sumatra. La secousse dévastatrice frappe en plein après-midi, détruisant des centaines de maisons en quelques secondes et causant d’importants glissements de terrain. La population locale, vivant majoritairement dans des constructions vulnérables aux séismes, se retrouve en grande difficulté, et le bilan est lourd : 665 morts, 4 000 blessés et 651 personnes portées disparues.
La ville de Padang, située sur la célèbre « ceinture de feu » du Pacifique, est l’une des zones sismiques les plus actives du monde. Le séisme du 30 septembre s’est produit le long de la même faille responsable du tragique tsunami de 2004, qui avait fait plus de 230 000 victimes dans toute la région. Le lendemain, le 1er octobre, une réplique de magnitude 6,8 secoue la région de Jambi, accentuant les destructions.
Face à cette situation d’urgence, l’association Aides Actions Internationales Pompiers (AAIP) se mobilise rapidement pour organiser une mission d’assistance.
Déploiement de l’équipe d’urgence
Le 4 octobre, une équipe de secours AAIP composée de six membres décolle de Lyon. Elle est dirigée par Jérôme Savet, secondé par un médecin, une infirmière et plusieurs logisticiens, dont Christophe Iskenderian, familier de l’Indonésie.
Arrivée à Padang le 6 octobre, l’équipe commence par une reconnaissance sur le terrain. Elle établit des contacts avec les ONG déjà présentes et décide d’intervenir au nord de Padang, où l’aide se fait encore attendre. Le choix se porte sur le secteur du lac Maninjau, dans le canton d’Agam, une zone rurale gravement touchée par des glissements de terrain.
Premiers constats : une région isolée et dévastée
Sur place, l’équipe découvre une population éprouvée par des pertes humaines et des destructions massives : plusieurs villages sont engloutis sous les coulées de boue, et des centaines de familles se retrouvent sans abri. Les infrastructures essentielles, comme les routes, l’électricité, et les hôpitaux, sont gravement endommagées.
L’équipe installe un dispensaire pour répondre aux besoins urgents de soins médicaux. La première soirée d’intervention permet de constater que la phase de recherche des survivants est terminée, la nature des bâtiments ne laissant pas d’espaces de survie. Cependant, les survivants nécessitent des soins de base et un soutien médical rapide.
Mise en place d’un dispensaire mobile
Dans les camps où se réfugient les survivants, l’équipe s’emploie à installer un centre de soins de campagne, répondant aux besoins de santé courants et aux urgences. Chaque jour, le dispensaire traite entre 50 et 100 patients. Les pathologies sont variées : blessures infectées, troubles respiratoires, fièvre, diarrhée, et même des cas de malnutrition.
Le personnel médical fournit aussi des conseils en hygiène et organise des ateliers pour rassurer et informer la population. Malgré les moyens limités, l’équipe apporte une assistance précieuse aux habitants, majoritairement isolés.
Évaluation des besoins et défis logistiques
En parcourant les villages autour du lac, l’équipe constate que peu d’autres ONG sont intervenues dans cette région. La population souffre du manque d’eau potable, et les cas de diarrhée et d’allergies se multiplient. Pour pallier ce manque, l’équipe AAIP contacte une ONG spécialisée pour installer une unité de potabilisation d’eau.
Les conditions de déplacement sont difficiles : les routes dévastées par les glissements de terrain ralentissent les interventions. Cependant, l’équipe réussit à se rendre dans les zones les plus reculées en louant des véhicules locaux et en collaborant avec les autorités.
Bilan humain et médical
En une semaine, près de 500 consultations médicales et soins infirmiers sont effectués. L’équipe s’occupe de cas variés, allant des blessures superficielles aux pathologies chroniques exacerbées par les conditions de vie précaires. Elle traite également des pathologies post-traumatiques, apportant un réconfort essentiel à des familles ayant tout perdu.
À la fin de la mission, des médicaments et du matériel médical sont laissés aux responsables locaux pour garantir une continuité des soins. L’équipe constate que l’aide internationale commence à affluer, les premiers groupes électrogènes et tentes arrivant enfin sur les lieux.
Analyse et perspectives
Cette mission met en lumière la nécessité de structurer les interventions d’urgence pour les zones à risques sismiques comme Sumatra. Les membres de l’équipe soulignent l’importance des partenariats locaux, qui ont facilité leur travail d’évaluation et d’intervention. Ils recommandent également de mieux anticiper les besoins matériels pour les futures interventions d’urgence, dans une région où l’activité sismique restera élevée.
Avec détermination, l’équipe AAIP a su fournir un soutien médical et logistique aux communautés les plus isolées, face aux conséquences d’une catastrophe dévastatrice.